Tout au long de sa résidence, la compagnie L’Enracinée fera état de ses réflexions, au fur et à mesure des rencontres, provoquées ou spontanées…
Aux lendemains de cette Ripaille de vendredi et comme à chaque fois, quelques mots demandent à s’écrire.
Puisqu’à chaque fois qu’une fête se prépare, il y a ceux qui l’attendent et ceux qui la font, ceux que l’on connaît et qu’on retrouve et puis ceux que l’on vient rencontrer, ce que nous imaginions et ce que la fête devient.
Parce que nous aimons que l’expérience se discute et accompagne l’opinion à se mettre en action.
Cette soirée nous a tous fait sortir de l’ordinaire et même du confort de ce que nous connaissions, ce que nous attendions et ce qui s’imagine de la Grande Fête dont on parle. Plus qu’une réponse, cette Ripaille a bel et bien posé des questions, à la bonne heure, nous ne parlerons ni du froid ni du goût de la purée mais peut-être cette fois-ci de ce qui se regarde comme image du festif.
Pendant les cinq jours qui ont précédé la Ripaille, nous étions dix à la discussion et à l’expérimentation de nos idées de la fête et de nos corps mouvant. Pendant ces cinq jours, nous avons traversé des imaginaires et des sensations qu’il s’agissait d’honorer, dans le silence et parmi les paysages de Bécherel. Comment le silence, le regard posé sur le printemps et sur les merveilles fleuries, comment les profondeurs de nos peurs autant que nos éclats de joies pouvaient se danser et se transmettre dans l’instant sans formuler de discours. Nous avons cherché en ce sens, amusés, de déplacer nos identités par des costumes de verdures.
Chaque après-midi, nous trouvions ainsi de nouvelles formes à nos personnalités, lâchant ainsi nos habitudes et nos timidités pour exprimer de mieux en mieux, l’extase de nos corps déliés et masqués. Cette expérience s’est inscrite dans l’Académie dans le but de muscler notre pratique de la fête et de nos corps dansant, dans les rues de Bécherel. Ce groupe composé d’individus singuliers dans ce temps donné, Manuela, Zenaïde, Mickaël, Maxime, Anna, Daphné, Charlotte, Nicolas et Pauline a permis à la pensée de se reposer dans le mouvement, sans nécessité d’écrire de forme spectaculaire, pour faire l’expérience en corps de l’idée que nous sommes, des ensembles d’humains sensibles et puissants. Aux termes de cette semaine de recherche, nous vous avons conviés.
une réflexion poétique aux formes de la fête
Le grand banquet, les musiques familières et les gens que nous étions, ont fait de la soirée une jolie addition de sourires et nourri le grand plaisir de voir s’enfiler les perles des Ripailles, de plus en plus estivantes. L’improvisation dansée, imaginée par Ippeï Hosaka, danseur invité pour sa pratique du mouvement et ses célébrations du vivant a ouvert un espace d’attention avec un rythme en rupture. Ouvert aux élans de l’instant mais dessiné dans un silence et sur ce vaste espace de représentation goudronnée, l’impromptu chorégraphique d’Ippeï se voulait être une réflexion poétique aux formes de la fête. Il était quelque peu étrange, déplacé ou merveilleux, de voir des corps chercher comment retranscrire cette expression autant intime que collective.
Parce que l’Académie se fomente par la pensée et par la tentative, des minuscules fêtes aux pétards mouillés, nous nous encourageons toutes et tous à devenir acteur des formes de fêtes que nous désirons, à sortir de la frontalité, et à nous mêler.
Explorer nos perplexités (adj. du latin perplexus : enchevêtrement, entrelacement. au sens figuré : obscurité, ambiguïté), les partager pour en faire des appuis, des élans et de mieux en mieux, des conversations et nos familiarités. Pour que ces fêtes soient faites avec tous les accords et les désaccords que contient l’espace du commun.
Au grand plaisir d’agir ensemble à ce que nous espérons sur le sol et dans les voisinages de l’Espérance pour cette Académie qui vient à bientôt le 20 qui vient et à la bonne vôtre, curieux et curieuses.
Pauline, Charlotte et Daphné.
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